Léo B. LeBlanc

L’artiste et ses œuvres

Léo, issu d’une famille de onze enfants, assumera plusieurs emplois avant de se consacrer à la peinture. Il com­mence par travailler sur les terres de son père à Notre-Dame, pour ensuite aller dans les chantiers de coupe de bois. En 1940, il se lance dans l’élevage de volailles, et quatre ans plus tard, il achète une scierie. Finalement, il entre­prend l’élevage de bovins de race charolaise. Ce n’est que par pur plaisir, après avoir observé un artiste qui réalisait une peinture à la télévision, qu’il s’est mis à peindre.

Sa carrière, en tant qu’artiste, prend son envol en 1973 lorsque la Banque d’œuvres d’art du Conseil des arts du Canada achète quatre de ses œuvres. C’est en 1977 que s’établit sa véritable notoriété, quand le premier ministre Richard Hatfield du Nou­veau-Brunswick achète un de ses tableaux pour le reproduire sur sa carte de Noël officielle. Par la suite, ce sont ses amis, ses voisins et des personnages avec grande notoriété qui s’approprient ses œuvres. Toutefois, une de ses toiles – le Village de Maria Chapdelaine- tableau qu’il a dédié à son épouse Léda, ne la quittera jamais. À sa mort, n’ayant pas d’en­fants, il lègue à l’une de ses nièces, Madame Denise Landry, la collection des œuvres qui appartiennent à la famille. C’est celle-ci qui entreprend le projet de perpétuer sa mémoire en tant qu’artiste naïf/po­pulaire acadien.

D’instinct et de mémoire, Léo transpose sur ses tableaux des scènes représentant des chantiers de bûcherons, des cabanes à sucre, des pâturages parsemés de bétail, ainsi que des édifices comportant une signification historique parti­culière, par exemple l’Hôtel Dysart. C’est ainsi qu’il peint son village Notre-Dame tel qu’il s’en souvenait, avec son train, avec sa scierie et des parties de plaisirs, ou des pêches à l’éperlan sur les baies de sa région, et ainsi de suite. Toujours, le point de vue qu’il adopte dans ses œuvres se traduit par un grand angle de champ, une vue à vol d’oiseau.

L’art pratiqué par Léo s’inscrit dans ce que l’historien cana­dien Russell Harper a caractérisé comme l’art vernaculaire, l’art du « petit monde », en comparaison à ce qu’on peut appeler l’art « savant » ou « académique ». Selon Monsieur Bernard Riordon, directeur de la Art Gallery of Nova Scotia (AGNS),

« L’art folklorique est… une forme d’art qui a émergé du cœur et de l’âme du Canada, libre des pièges du « grand art »… c’est une extension spontanée et tangible de la vie et des expériences de son créateur. … c’est l’art de la personne ordinaire et il reflète une révision des valeurs, un réexamen de l’essence de la vie et une pureté de but et de vision qui offre l’une des voies d’expression visuelle les plus excitantes au monde aujourd’hui. »

*(Source : Rapport – Léo B. LeBlanc, le peintre naïf/populaire acadien)