Alexandre J. Doucet

Ses origines

Alexandre Doucet est né à Grand-Étang en Nouvelle-Ecosse le premier novembre 1880. Il était fils de Joseph Romuald Doucet et de Sophie LeBlanc. Il est né dans une famille de quatorze enfants.

Il a fréquenté la petite école de Grand-Étang jusqu’au grade 8 et il a obtenu son B.A. par correspondance.

Il s’établit à Notre-Dame en 1916. C’était un fermier et sa ferme était située où demeure présentement Murray McKenny dans le district the Hayes. En plus d’être fermier, M. Doucet était secrétaire gérant de la Maritimes Products Co., industrie dont il a eu lui-même l’initiative. Il était secrétaire correspondant de l’association des fermiers et laitiers de la province, secrétaire-trésorier de « La Société d’Agriculture no 180 de Notre-Dame », membre de Conseil-Général de la compagnie l’Assomption et trésorier du « Comité du terrain de Grand-Pré ».

Alexandre tenta sa première chance en politique en 1921. Il était opposé à Auguste Léger, le candidat libéral. Il perdu à sa première tentative. Le compte était de 4796 voix pour Auguste Léger et 3238 voix pour Alexandre Doucet.

Alexandre Doucet n’était pas un homme qui lâchait tout après une défaite. Il se présenta de nouveau en 1923. Cette année on dut avoir une élection partielle puisque le député fédéral August Léger était décédé. Lors de la convention du parti conservateur, M. Doucet fut élu par acclamation ce qui démontre que l’on avait confiance parmi les délégués que Alexandre était
l’homme de la victoire.

Alexandre Doucet, un des meilleurs orateurs de la région ne déçut pas ses confrères conservateurs. Il remporta la victoire sur son adversaire libéral M. Bourgeois par la marge de 3653 voix à 3466 voix. En remportant cette victoire, il devenait le seul représentant français conservateur aux Communes et donc il parlait au nom des conservateurs français du Québec, de l’Ontario de l’Ouest et l’Acadie.

Après sa victoire, on organisa un banquet en son honneur à l’hôtel Brunswick à Moncton. Un autre banquet fut aussi organisé à Montréal le 3 avril 1924. Prenant la parole à ce banquet, il déclara que: « Nous » (province Maritimes), « avons respecté le pacte de la confédération », s’écria-til, « nous nous demandons d’en faire autant à notre égard, et de ne pas oublier tous les sacrifices que nous avons faits au bénéfice de l’ouest et des autres parties du pays. Il faut que vous nous veniez en aide. Notre population grâce au régime libéral émigre aux États-Unis. On a tenté par toutes sortes de moyens d’étouffer le sentiment populaire ». Par ces paroles nous voyons que M. Doucet voulait que les maritimes obtiennent leur juste part dans l’économie canadienne.

Le 26 mars 1924, le nouveau député de Kent, monsieur Doucet, fait son premier discours à la chambre. Ce discours, si l’on en juge par les commentaires des journaux, par les interruptions nombreuses qui sont venues des ministériels, a fait une véritable sensation. Le cas est assez rare des nouveaux députés qui sont arrivés du premier coup à ce résultat. D’habitude, il leur faut du temps et de nombreux efforts. Et même, à ce compte, il n’arrive pas toujours à se faire remarquer. Pour le nouveau député de Kent, il n’en aura pas été ainsi. Du premier coup, il s’est haussé au niveau des bons « débateurs » des Communes.

M. Doucet est un homme politique qui a beaucoup travaillé pour les droits des francophones au Canada. Dans une question posée au Gouvernement libéral le 10 avril 1924, il demanda d’avoir la liste des officiers des chemins de Fer Nationaux (Canadian National) qui reçoivent plus de $4,000.00 par an (très gros salaire à l’époque). Le gouvernement a cru devoir refuser. Le journal « l’Évangéline » pense que M. Doucet veut prouver par cette liste que les noms français seraient excessivement rares parmi les dirigeants du chemin de fer.

Dans un autre discours, celui-ci en avril 1925, Alexandre demanda que le gouvernement imprime plus en français. Voici un extrait de son vigoureux discours.

« J’ignore si la revue ou le Bulletin de renseignements aie imprimé dans la langue française en 1921; j’ignore même si la version anglaise était imprimée, à cette même époque. Cependant, ce que je sais c’est que depuis le pacte de la confédération il existe un système bilingue dans l’administration du pays. Néanmoins aujourd’hui il y a moins de 30% des livres bleus qui sont traduits en langue française et imprimés pour être mis à la disposition de la députation, du commerce et du public en général. Je dis, monsieur l’Orateur, que nous, qui sommes fiers d’appartenir à un pays bilingue, où le français et l’anglais sont sur un pied d’égalité dans l’administration, nous devrions exiger que toutes publications soient faites en français et publiées simultanément et distribuées à profusion dans tout le pays. »

Alexandre Doucet a travaillé beaucoup pour les chemins de fer et les routes du comté de Kent. Parlant aux Communes au ministre responsable des chemins de fer il se plaignait de la réduction du service sur le train Moncton-Bouctouche.

Voici un extrait de ce discours du 8 mai 1924.

« Je tiens à rappeler le ministre que depuis le 6 janvier 1924, aucun train ne circule le mercredi et que, sur une distance de trente-deux milles, la population est privée de son courrier ce jour-là, bien que depuis trente-quatre ans il y ait eu un train quotidien entre Moncton et Bouctouche, et que depuis vingt-huit ans ce train transporte tous les jours les objets de correspondance. Cela est de nature à épuiser ou réduire le service public en ce qui concerne le chemin de fer Moncton à Bouctouche. »

L’affaire « Margaret »
La carrière de M. Doucet s’annonçait brillante; c’était un homme capable, dévoué au possible pour les Acadiens et les gens des maritimes mais un incident malheureux mit fin à sa carrière comme politicien. Cet incident fut connu comme l’affaire « Margaret ».

Le tout commence lorsque M. Doucet, lors d’une assemblée à St-Jean, rapporte que certains députés fédéraux dont l’ex-ministre de la Justice, Ernest Lapointe, prirent un voyage de plaisir et d’orgie sur un des navires du gouvernement employé au service de la prévention de la contrebande, le « Margaret ». D’après M. Doucet le « Margaret » s’arrêta à Québec et il prit à bord le ministre de la Justice et ses amis, et ils partirent en croisière de plaisir aux Iles-de-la-Madelaine, puis à travers la côte Nord du St-Laurent jusqu’au Saguenay et tous dirent qu’ils furent absents six semaines. M. Lapointe nia les affirmations faites par le député de Kent et il demanda au premier ministre conservateur M. Meighen de répudier cette déclaration en faisant une enquête. Alexandre avait commis une erreur. En regardant le livre de bord du « Margaret », il avait vu un certain M. Lapointe d’inscrit dans ce livre, mais ce n’était pas le même M. Lapointe, l’ancien ministre de la Justice.

Une enquête fut tenue et elle prouva que les allégations d’Alexandre Doucet étaient sans fondements.

Une élection s’annonçait pour le mois de septembre et les libéraux ne manquèrent pas leur chance de faire connaître au public canadien les résultats de l’enquête. Pour deux semaines consécutives, on fit paraître dans plusieurs journaux deux pleines pages d’annonces qui parlaient que l’affaire « Margaret ». Donc les choses s’annonçaient mal pour Alexandre et le parti conservateur.

 

Dernière élection
Le 16 septembre, le gouvernement Meighen fut battu ainsi qu’Alexandre Doucet qui subit la défaite aux mains du libéral Alfred E. Bourgeois. Voici l’éditorial de l’Évangéline après la défaite d’Alexandre Doucet:

« Il est vrai que nous perdons M. Doucet qui s’est certainement montré un homme d’énergie et qui vaut mieux que ne le laisserait supposer ses sorties malheureuses de la dernière compagne où son discours, tout aussi heureux du mois de janvier dernier. Mais M. Doucet s’est ingénié à fournir à ses adversaires les armes dont on s’est servi pour le battre. »

Ce fut la dernière élection pour M. Doucet. Au mois de mars 1929, il est nommé gérant provincial de la « Capital Life Insurance Company of Canada ». Les bureaux de la compagnie étaient dans l’édifice Capitol, sur la rue Main à Moncton.

En juillet 1932, il fut nommé à la commission des accidents de travail du Nouveau-Brunswick. Il démissionna le 10 octobre 1935.

Alexandre s’était marié avec Philomène LeBlanc mais le couple n’eut pas d’enfants. Par contre, ils en adoptèrent quatre.

Alexandre Doucet mourut le 28 juillet 1951 à Moncton. Il fut enterré au cimetière de Notre-Dame. Parmi les survivants de l’ancien député demeurant à Notre-Dame, il y a son neveu, M. Joe Doucet, et sa nièce, Mme Alyre Landry.